Théologienne et pasteur protestante, Lytta Basset s’éloigne avec bonheur des concepts théologiques et d’une certaine « idéologie » chrétienne de l’amour pour coller au plus près de toutes les blessures d’amour.
Nous ne savons pas aimer. La fermeture sur soi« l’anesthésie affective » sont des expériences fréquentes qui font suite au deuil d’un être cher, à une séparation ou un divorce, à la trahison ou la perte de confiance. Ces expériences de la mort du lien affectif sont comme une mort avant la mort, « une mort du Dieu au fond de soi ». Comment retrouver « le souffle d’amour » capable de nous élever dans l’apprentissage de la relation vraie ? Comment redonner du souffle à nos couples, à nos familles, à nos amitiés ? Comment aimer sans dévorer ?
C’est à partir de ce que Maurice Bellet, dont Lytta Basset est ici très proche, appelle « la traversée de l’en bas », traversée du désespoir et de la haine, que nous sommes amenés à sortir de l’entre-deux, de la confusion, et à faire des choix de vie.
C’est aussi à partir de ces expériences de mort affective que nous pouvons aller plus loin dans la capacité d’aimer et éprouver le caractère indestructible d’un lien. Car l’amour n’est pas plus fort que la mort, mais fort « comme » la mort. « Est solide le lien qui a été éprouvé comme solide, qui a cassé une ou plusieurs fois et qui s’est tissé différemment en tenant compte de tous les fils.
Tant que notre amour n’a pas été confronté à la mort, sous telle ou telle forme, comment saurions-nous qu’il peut lui survivre ? » Dans ce beau traité sur l’amour, Lytta Basset ne parle que des Evangiles mais réussit à s’adresser à tous. Avec une certaine pudeur confessante de bon aloi, elle parle peu de Dieu, davantage de son compagnonnage avec le Christ et du souffle d’amour, dont on devine qu’il s’agit du souffle saint qui irrigue nos relations, nous ouvre à l’imprévisible et signe notre liberté intérieure.
Nathalie Sarthou-Lajus
Sources : https://dandanjean.com/2019/09/18/christiane-singer-rien-ne-nous-est-donne-pour-nous-ecraser/